Les troubles politiques suite à l'élection présidentielle de 2019

Suite aux résultats de l'élection présidentielle du 21 mai, de violentes protestations se sont emparées du cœur de la capitale indonésienne, où six personnes auraient trouvé la mort lors d'un affrontement nocturne.

Le président Joko Widodo a été réélu avec 55,5% des voix face à l'ancien général militaire Prabowo après le scrutin du 17 avril. Les bureaux de la commission électorale avaient déjà été barricadés avec des barbelés à lames et protégés par du personnel de sécurité après que Prabowo eut averti que s'il perdait, des émeutes risquaient de se produire. En effet, les gens protestent contre ce qu'ils prétendent être une fraude généralisée dans le scrutin présidentiel, mais une agence officielle de supervision des élections a confirmé que le scrutin était libre et équitable.

 Dans la nuit du 21 mai, les manifestants ont lancé des pierres et des pétards sur la police qui a répondu par des gaz lacrymogènes, dans un face-à-face d'une extrême violence juste après la publication des résultats. Six personnes seraient mortes et environ 200 autres blessées après la première nuit d'émeutes. Le lendemain, les gens tenaient des fleurs et des pancartes pour dénoncer la mort des 6 personnes de la veille, affirmant que les personnes tombées voulaient simplement que justice soit faite après une élection où elles sentaient que leur voix avait été diminuée. 60 000 policiers et militaires ont couvert la ville de Jakarta, les stations de transport ont été fermées et les rues encerclées de rouleaux de fil de fer barbelé. La police a procédé à 200 arrestations, dans l'espoir d'étouffer les manifestations. Dans une interview télévisée, le président a déclaré qu'il s'agissait de l'une des pires violences politiques que l'Indonésie ait connues ces dernières décennies, mais que la situation était sous contrôle. Trois jours plus tard, le gouvernement a bloqué l'accès à certains médias sociaux pour empêcher la diffusion de fausses nouvelles et de violence sur Internet.

Après cela, Prabowo - qui avait déjà perdu les élections de 2014 - a déclaré qu'il était le vainqueur légitime de ces élections et qu'il contesterait les résultats devant la Cour constitutionnelle. Prabowo était commandant militaire lors de la chute du leader autoritaire Suharto en 1998, un événement précipité par une masse d'étudiants rebelles. Le général, qui était également le gendre de Suharto, a alors été démis de ses fonctions, accusé d'avoir participé à l'enlèvement et à la torture d'étudiants - cela n'a jamais été prouvé et il l'a toujours nié. Il avait choisi comme colistier Sandiaga Uno, un ancien homme d'affaires, qui s'était rapproché des groupes islamiques les plus radicaux pour obtenir leur soutien.

Joko Widodo, 57 ans, est considéré comme un musulman modéré dans un pays où l'islam conservateur est en plein essor. Il a choisi le prédicateur conservateur Ma'ruf Amin comme candidat à la vice-présidence afin de donner des gages à l'électorat religieux.